Ah, la choucroute garnie du dimanche midi, avec son chou fondant et ses généreuses pièces de charcuterie fumée ! Ce grand classique de la gastronomie alsacienne fait le bonheur des gourmands. Mais une question se pose inévitablement au moment de passer à table : quel vin blanc servir avec une choucroute pour sublimer ce plat sans en masquer les saveurs ?
En bon vivant passionné de vin et de bonne chère, je vous propose un tour de France (et d’Europe) des meilleurs vins blancs pour accompagner ce mets alsacien par excellence.
Sommaire
- Alsace : l’accord régional incontournable
- Bourgogne : chardonnay frais et l’aligoté en alternative
- Vallée de la Loire : sauvignon et chenin en renfort
- Autres régions de France à explorer
- Les vins blancs étrangers compatibles avec la choucroute
- Conclusion
Alsace : l’accord régional incontournable
Commençons par l’évidence : associer un plat alsacien avec un vin d’Alsace. C’est un accord mets-vins presque intuitif tant la tradition locale nous montre la voie. Ici, on veut du vin blanc sec, frais et acidulé, pour équilibrer le gras du porc et l’acidité du chou. Les cépages alsaciens ne manquent pas, mais tous ne conviennent pas autant à la choucroute garnie. L’astuce est de choisir un blanc bien sec (gare aux vins demi-secs ou moelleux non indiqués clairement sur l’étiquette) et doté d’une bonne vivacité. Dans cette catégorie, trois vins blancs alsaciens se distinguent particulièrement : le riesling, le sylvaner et le pinot blanc.
Riesling d’Alsace : la star indétrônable
S’il ne fallait en choisir qu’un, ce serait lui. Le riesling d’Alsace est LE vin de prédilection avec la choucroute. Sec, tendu, porté sur des arômes d’agrumes et de fleurs, il possède une acidité tranchante qui fait merveille pour rafraîchir le palais entre deux bouchées de palette ou de saucisse fumée. Un bon riesling sec apporte du peps, il “réveille” la choucroute et participe à l’harmonie en faisant écho à l’acidité du chou fermenté. C’est simple, un riesling alsacien bien sec et bien frais est quasiment infaillible sur ce plat.
Par exemple, un Riesling Grand Cru de la région de Colmar ou un riesling réserve d’un domaine réputé fera très bien l’affaire. Les grandes maisons alsaciennes comme Trimbach, Hugel ou Zind-Humbrecht proposent des cuvées emblématiques. Le célèbre Domaine Trimbach suggère d’ailleurs son Riesling Réserve en accord avec la choucroute
On peut citer aussi des producteurs artisanaux talentueux : un riesling du Domaine Weinbach ou du Domaine Ostertag, avec leur finesse et leur précision, sublimeront votre repas. L’important est qu’il soit sec : l’étiquette ne l’indique pas toujours en Alsace, alors n’hésitez pas à vous renseigner auprès de votre caviste pour éviter les vins à sucre résiduel notable.
Sylvaner et Pinot Blanc : des blancs tout en fraîcheur
Moins connus des non-initiés, le sylvaner et le pinot blanc sont pourtant des alliés de choix pour la choucroute. Ce sont des vins généralement plus légers en alcool, au profil discret, mais dotés d’une belle fraîcheur. Un sylvaner d’Alsace sec offre souvent des notes subtiles de fleurs et de fruits blancs, avec une bouche simple et désaltérante : parfait pour qui cherche un accord sans prise de tête, tout en fraîcheur. C’est un vin qu’on sert jeune, bien frais, et qui va jouer la carte de la neutralité positive : il accompagne la choucroute sans la bousculer, en laissant la vedette au plat tout en nettoyant le gras en bouche.
D’ailleurs, pendant longtemps le sylvaner fut le vin favori pour la choucroute dans de nombreuses familles alsaciennes – un choix humble et local, misant sur l’efficacité désaltérante plus que sur la complexité.
Le pinot blanc, de son côté, est un autre blanc alsacien facile à vivre. Souple, léger, avec une acidité modérée mais suffisante, il apporte une touche fruitée (pomme, poire) très appréciable. Avec une choucroute traditionnelle, un pinot blanc fait le job si le riesling vous semble trop austère. Par exemple, un Pinot Blanc “Cuvée Signature” de la Cave de Turckheim ou le Pinot Blanc Classic de Bestheim seront d’honnêtes compagnons de table, abordables et efficaces. Les pinot blancs d’entrée de gamme des coopératives alsaciennes se trouvent facilement en grande surface à des prix doux, ce qui permet de se faire plaisir sans exploser le budget dominical.
Pinot Gris : riche, mais à choisir sec
Le pinot gris (autrefois appelé tokay d’Alsace) est un cas un peu à part. Plus riche, plus rond, il donne des vins plus corsés, aux arômes de fruits mûrs et de miel. En théorie, sa puissance pourrait bien accompagner la choucroute, surtout si vous aimez les accords où le vin tient tête au plat. Mais attention : nombre de pinot gris d’Alsace ont une petite douceur en finale, un léger moelleux qui, lui, ne convient pas à la choucroute. Si vous optez pour un pinot gris, assurez-vous qu’il soit sec (certains domaines produisent des pinot gris “Sélection” bien secs, ou visez des pinot gris de terroir réputés pour être vinifiés sans sucre résiduel). Un pinot gris sec et ample pourra alors envelopper la choucroute de sa texture onctueuse tout en respectant son équilibre. En revanche, évitez les pinot gris moelleux ou vendanges tardives sur ce plat : trop doux, ils seraient déséquilibrés avec le chou acide.
Gare au Gewurztraminer trop doux !
Impossible de parler des vins d’Alsace sans évoquer le gewurztraminer, cépage aromatique par excellence. Pourtant, pour la choucroute garnie, on le déconseille généralement. Pourquoi ? Parce que le gewurztraminer donne presque toujours des vins au parfum puissant (litchi, rose, épices) et avec une sucrosité marquée, ou du moins un moelleux perceptible. Or, face à l’acidité vinaigrée de la choucroute et au sel des charcuteries, ce sucre et ce parfum exubérant créent un choc peu heureux. Un gewurztraminer doux rendrait le chou presque aigre et ferait ressortir une amertume désagréable. Dommage, car on pourrait penser qu’Alsace + Alsace = accord parfait, mais ici c’est l’exception : mieux vaut garder le gewurz pour le munster ou le kouglof, et privilégier les blancs secs cités plus haut pour votre choucroute.
En résumé pour l’Alsace : privilégiez un riesling sec de belle acidité, ou à défaut un sylvaner ou un pinot blanc bien frais. Réservez les gewurztraminers et pinot gris moelleux pour d’autres occasions. Avec ces conseils, votre accord régional sera sans faute et ravira tous les convives autour de la table.
Bourgogne : chardonnay frais et l’aligoté en alternative
Quittons l’Alsace pour explorer d’autres vignobles français susceptibles d’offrir un bel accord. En Bourgogne, terre de grands vins blancs, on pourrait être tenté par un chardonnay opulent élevé en fût de chêne… Mais attention, ce style riche et boisé ne fera pas forcément bon ménage avec la choucroute. Mieux vaut se tourner vers les expressions les plus vives et minérales du chardonnay bourguignon, ou vers un cépage plus modeste mais très adapté : l’aligoté.
Un Chablis pour sa minéralité tranchante
Le meilleur candidat bourguignon, c’est sans doute un Chablis. Ce blanc 100% chardonnay originaire du nord de la Bourgogne est réputé pour sa grande fraîcheur, son profil tendu et ses arômes de citron, de pomme verte et de pierre à fusil. Pas ou peu d’élevage en bois ici : le Chablis est généralement vinifié en cuve, ce qui lui conserve toute sa vivacité et sa pureté. Un Chablis sec et minéral fera des merveilles sur la choucroute en apportant un contraste élégant à la richesse du plat. Son acidité modérée mais suffisante équilibrera l’acidité du chou, tandis que ses notes iodées et crayeuses donneront presque un coup de fouet raffiné à l’ensemble.
Vous pouvez opter pour un Chablis village tout simple, ou monter en gamme sur un Chablis Premier Cru si vous voulez impressionner vos convives. Dans tous les cas, veillez à servir ce vin autour de 10°C pour garder sa tension. Côté producteurs, des maisons bourguignonnes bien établies comme William Fèvre ou la Chablisienne proposent d’excellents Chablis accessibles. Une bouteille de Petit Chablis ou de Chablis de ces domaines accompagnera votre choucroute dominicale avec classe et sans fausse note.
L’aligoté : le petit blanc qui a du répondant
L’autre vin blanc bourguignon à considérer, c’est le Bourgogne Aligoté. Souvent relégué derrière le chardonnay, le cépage aligoté donne pourtant des vins vifs, citrons, nerveux, parfaits pour réveiller un plat un peu lourd. Avec sa robe claire et son nez sur les agrumes et la pomme verte, l’aligoté offre une bouche légère dotée d’une belle tension acide. C’est un blanc simple et droit, sans chichi, qui dans une choucroute jouera un rôle rafraîchissant similaire au sylvaner alsacien.
Servez un aligoté bien frais également (8-10°C). Par exemple, un Bourgogne Aligoté “Vieilles Vignes” d’un bon domaine de la Côte Chalonnaise ou de l’Auxois peut surprendre agréablement vos invités. Pour une touche d’originalité bourguignonne, pourquoi ne pas essayer un vin de l’appellation Bouzeron ? Ce petit cru de la Côte Chalonnaise est le seul en Bourgogne dédié exclusivement à l’aligoté : créé en partie sous l’impulsion d’Aubert de Villaine (co-propriétaire de la Romanée-Conti), Bouzeron produit des aligotés de haute qualité. Une bouteille de Bouzeron accompagnera à merveille une choucroute, apportant la tradition bourguignonne dans votre assiette alsacienne de façon inattendue.
En résumé, en Bourgogne privilégiez les chardonnays non boisés et bien vifs (Chablis en tête) ou un aligoté acidulé. L’idée est d’éviter les blancs trop gras ou trop ronds qui rendraient la choucroute écœurante. Un blanc bourguignon tout en fraîcheur peut créer un accord original tout en finesse, différent du registre alsacien mais tout aussi plaisant pour les papilles.
Vallée de la Loire : sauvignon et chenin en renfort
La Loire, avec sa diversité de vins blancs vifs et fruités, offre d’excellentes alternatives pour accompagner une choucroute. Deux grandes familles de cépages se démarquent ici : les sauvignons du Centre-Loire et les chenins secs de Touraine/Anjou. Ces vins partagent une belle acidité et des profils aromatiques intéressants, tout en restant secs et légers en bouche.
Les Sauvignon du Centre (Sancerre, Pouilly-Fumé…)
Un Sancerre blanc, ça vous dit ? Ce vin de terroir ligérien, issu du sauvignon blanc, est une valeur sûre pour qui cherche un accord frais et pimpant. Le sauvignon donne des vins très aromatiques : notes de buis, de cassis bourgeon, d’agrumes et parfois de pierre à fusil (notamment sur Pouilly-Fumé). Avec sa bouche tendue, droite, aux arômes fruités et végétaux, un Sancerre sec crée un joli contraste avec la puissance de la choucroute. Il apporte une sensation de verdure et de peps qui “nettoie” le palais et prépare la bouchée suivante. C’est un peu comme ajouter une herbe aromatique fraîche à un plat roboratif, ça l’allège.
Vous pouvez également explorer des appellations moins connues mais tout aussi méritantes, comme Menetou-Salon, Quincy ou Reuilly, qui produisent des sauvignons dans le style sancerrois. Même un simple Touraine Sauvignon (plus accessible en prix) peut très bien faire l’affaire du moment qu’il est bien sec et équilibré. L’important est de privilégier un millésime récent (2-3 ans maximum) pour conserver la vivacité du fruit. Servi à 10°C, un Sancerre ou équivalent donnera un coup de jeune à votre choucroute, et fera plaisir aux convives qui découvriraient cette association Loire-Alsace inattendue.
Les Chenin secs de Touraine et d’Anjou
Autre possibilité dans la Loire : les vins à base de chenin blanc. Ce raisin polyvalent peut donner de grands liquoreux, mais vinifié sec il offre de véritables petits chefs-d’œuvre d’équilibre pour la table. Un Vouvray sec ou un Montlouis-sec (régions de Touraine), ou encore un Savennières (Anjou), présentent une matière un peu plus ronde que les sauvignons, avec des arômes de pomme, de coing, de fleurs blanches et parfois une touche miellée (mais sans sucre !). Leur acidité est élevée mais souvent enveloppée dans plus de volume et de structure en bouche. Avec une choucroute, un chenin sec va jouer sur la longueur et l’équilibre : il apporte du corps sans tomber dans le moelleux, et sa droiture acidulée soutient le plat. Cela peut donner un accord un peu plus “gastronomique” dans l’esprit, surtout avec un Savennières bien extrait qui fera la part belle aux saveurs fumées du plat.
Pour les curieux, mentionnons Jasnières, une petite appellation du Loir (nord de la Loire) méconnue, qui produit d’excellents chenins très secs et minéraux. Un Jasnières bien frais pourrait surprendre vos invités par sa capacité à vivifier une choucroute tout en délicatesse. Plus au sud, un Anjou blanc issu de chenin peut également s’en tirer honorablement.
En somme, la Loire apporte son lot de vins blancs dynamiques : le côté aromatique et végétal d’un Sancerre ou la structure élégante d’un chenin sec offrent des accords différents de l’Alsace, mais tout aussi efficaces pour se régaler autour d’une choucroute.
Autres régions de France à explorer
Au-delà des grands classiques cités plus haut, d’autres vignobles français peuvent fournir des accords intéressants avec la choucroute. Sortons un peu des sentiers battus pour évoquer la Savoie, le Jura, ou encore quelques blancs du Sud souvent méconnus dans ce contexte.
Les vins alpins de Savoie
Si l’on s’éloigne de l’Alsace, on peut trouver en Savoie des vins blancs légers et vifs qui feront un accord régional décalé mais réussi. Le cépage star en Savoie s’appelle la jacquère, donnant des vins blancs très légers, aux notes de fleurs blanches, de citron et de minéralité. L’appellation la plus connue est Vin de Savoie Apremont : un Apremont bien frais, avec son profil discret et sa pointe saline, saura étonnamment bien accompagner une choucroute en jouant le rôle du blanc désaltérant qui ne s’impose pas sur le plat. C’est un peu le “sylvaner savoyard” dans l’esprit.
Pour un peu plus de matière tout en restant sec, la Roussette de Savoie (faite du cépage altesse) offre un vin plus aromatique, avec des nuances de fruits à chair blanche et parfois une touche d’amande. Une Roussette (par exemple un Frangy ou un Marestel, crus de Roussette) apportera plus de corps qu’une jacquère tout en restant suffisamment tendue. Là encore, le but est d’apporter de la fraîcheur alpine à la choucroute. Servir vers 8°C ces vins montagnards pour accentuer leur peps.
Le Jura : un accord audacieux
Le Jura, petit vignoble à l’est, est connu pour ses vins blancs typés, parfois oxydatifs. Avec la choucroute, on évitera les vins oxydatifs comme le vin jaune, trop extrêmes en saveur, mais on peut tenter un blanc du Jura plus classique (chardonnay ou savagnin ouillé, c’est-à-dire non oxydatif). Un Arbois ou un Côtes-du-Jura blanc sec, dans un style non oxydatif, présente souvent une belle acidité et des notes de noix fraîches, de pomme et de foin coupé. C’est un accord un peu audacieux car le Jura a un caractère très original, mais si vous appréciez ces saveurs, le lien peut se faire : l’acidité du vin est là pour s’accorder au chou, et les touches légèrement “noisette” peuvent évoquer le côté fumé/salé des viandes. En somme, un accord pour aventuriers gourmands ! Mieux vaut prévoir un vin du Jura assez récent et servi bien frais, et voir comment vos convives réagissent à cette découverte.
Sud-Ouest et Languedoc : des blancs vifs insoupçonnés
On pense moins au Sud-Ouest ou au Languedoc pour accompagner la choucroute, et pourtant quelques vins blancs de ces régions peuvent très bien s’en sortir. Dans le Sud-Ouest, un Gaillac Perlé (vin blanc sec légèrement perlant, à base de mauzac ou de loin-de-l’œil) apporte beaucoup de fraîcheur et une pointe d’originalité pétillante face à la choucroute. De même, un Jurançon sec (à base de gros manseng) peut fonctionner grâce à son acidité tonique et ses arômes de pamplemousse. Veillez juste à éviter les Jurançon demi-secs ou moelleux, bien sûr.
Dans le Languedoc, une appellation se démarque pour ce genre d’exercice : Picpoul de Pinet. Ce vin blanc issu du piquepoul blanc, réputé pour accompagner les huîtres, est sec, très vif et citronné. Il possède assez d’acidité pour tenir tête au chou et assez de discrétion aromatique pour ne pas interférer avec le goût du lard et des saucisses. Un Picpoul bien frais est un outsider amusant avec une choucroute. Même un blanc simple de Côtes-de-Gascogne (IGP du Sud-Ouest souvent à base de colombard et d’ugni blanc) peut créer la surprise : ces vins très légers, vifs et pas chers jouent sur le registre vin de soif qui peut convenir si votre choucroute est dégustée en toute simplicité entre amis.
Et pourquoi ne pas penser aux vins effervescents ? Servir un vin pétillant avec la choucroute peut sembler iconoclaste, mais cela fonctionne : un crémant d’Alsace brut bien sec, avec sa mousse fine et sa vivacité, apportera beaucoup de fraîcheur et nettoiera le gras du palais. Même un Champagne brut (de préférence un blanc de blancs, très axé sur la tension) peut s’envisager en accord : ses bulles et son acidité élevée joueront un rôle similaire à celui d’un riesling en amplifiant la légèreté perçue du plat. Après tout, certaines recettes de choucroute se cuisinent même au Champagne – pourquoi ne pas en boire un verre en la dégustant ? C’est l’option festive et chic pour revisiter ce plat rustique !
En résumé, n’hésitez pas à sortir des grandes régions classiques. De la Savoie au Jura en passant par le piémont pyrénéen, la France regorge de petits vins blancs secs et fruités qui, s’ils ne paient pas de mine, peuvent tout à fait accompagner une choucroute avec succès, pour peu qu’ils aient l’acidité et la légèreté requises. Ces découvertes surprendront vos invités et enrichiront votre culture vinicole au passage !
Et pourquoi pas un vin effervescent ?
Un crémant d’Alsace brut, voire un champagne blanc de blancs, apportera fraîcheur et légèreté. Accord festif garanti avec les bulles !
Les vins blancs étrangers compatibles avec la choucroute
Et nos voisins alors ? Choucroute et Sauerkraut, même combat : l’Allemagne et l’Autriche, grands producteurs de vins blancs, offrent logiquement des accords de choix, tout comme certaines régions d’Italie du nord. Pour sortir des frontières tout en restant dans l’esprit du plat, voici quelques pistes exotiques :
Allemagne : l’autre patrie du Riesling
On l’oublie parfois, mais la choucroute est un plat d’origine germanique autant qu’alsacienne. Quoi de plus naturel alors que de la marier avec un vin d’Allemagne ? Le cépage roi allemand, c’est aussi le riesling. Sur une choucroute, un riesling allemand sec (cherchez la mention Trocken sur l’étiquette) fera un malheur. Par rapport à son cousin d’Alsace, le riesling allemand peut offrir des arômes de fruits encore plus marqués (pêche, citron vert) tout en gardant une acidité élevée et souvent un degré d’alcool plus faible. Les régions de Mosel (Moselle), du Rheingau ou du Pfalz produisent d’excellents rieslings secs parfaitement adaptés. Imaginez un Riesling Kabinett Trocken bien frais de la vallée de la Moselle : ses notes d’ardoise mouillée et de pomme verte, sa légèreté (8-10% d’alcool) et son acidité laser vont apporter une délicieuse vivacité à la choucroute, sans lourdeur. On pourra aussi essayer un Silvaner de Franconie (Franken), souvent présenté dans la typique bouteille plate (Bocksbeutel) : sec et discret, le silvaner allemand rappelle le sylvaner alsacien et se mariera tout aussi bien.
Autriche : vive le Grüner Veltliner
L’Autriche n’est pas en reste avec ses vins blancs nerveux. Le cépage emblématique autrichien est le grüner veltliner (ou « veltliner vert »), qui donne des vins secs, au nez poivré et aux arômes de pomme et de citron. Un bon Grüner Veltliner du Kamptal ou du Wachau, avec son fameux petit coup de poivre en finale, a suffisamment de corps pour accompagner la choucroute tout en apportant une belle fraîcheur épicée. Ce côté poivré peut même rappeler les baies de genièvre et les épices utilisées dans la préparation du chou ! En somme, un accord plein de malice. Par ailleurs, l’Autriche produit aussi d’excellents rieslings secs (Wachau, Kremstal…) qui, tout comme les allemands, feront très bien l’affaire si vous en trouvez chez votre caviste.
Italie du Nord : Alto Adige et autres pépites
Nos cousins italiens du nord apprécient eux aussi la choucroute (appelée crauti dans certaines régions alpines). Dans le Haut-Adige (Alto Adige ou Südtirol), région viticole au pied des Alpes, on trouve des vins blancs d’influence germanique tout à fait adaptés. Par exemple, un sylvaner du Val d’Isarco (Eisacktaler Sylvaner) offre la même fraîcheur que son homologue d’Alsace ou d’Allemagne, avec une petite touche alpine en prime. De même, les vignerons du Haut-Adige produisent du riesling, du pinot gris (Grauburgunder) et du gewürztraminer, souvent dans un style sec plus proche des vins autrichiens. Un joli Riesling Alto Adige DOC bien sec pourra apporter beaucoup de plaisir avec une choucroute, étonnant vos invités qui ne s’attendaient pas à voyager en Italie en dégustant ce plat !
Également, certaines appellations du nord de l’Italie sans lien direct avec la tradition germanique pourraient convenir si elles produisent des blancs secs bien vifs : on peut penser à un Gavi di Gavi (Piémont) à base de cortese, ou à un Verdicchio dei Castelli di Jesi (Marches) pour leur trame acidulée. Ce ne sont pas les premiers choix évidents, mais un aventurier pourra toujours tenter l’expérience.
En explorant les vins étrangers, on s’aperçoit que le principe reste le même : privilégier des blancs secs, vifs, avec une bonne acidité et pas trop de bois. Que ce soit un riesling allemand, un grüner autrichien ou un sylvaner du Tyrol, l’important est que le vin choisi ait la fraîcheur nécessaire pour tenir tête à votre choucroute. Le monde regorge de bons vins blancs ; autant élargir nos horizons et faire voyager nos papilles, même autour d’un plat bien de chez nous !
Pour finir, souvenez-vous que le meilleur accord est celui qui vous plaît à vous. Les suggestions ci-dessus offrent de belles pistes, mais n’hésitez pas à faire vos propres essais. Un bon repas dominical, c’est avant tout de la convivialité et du plaisir : servez un vin blanc que vous aimez, assurez-vous qu’il soit bien frais, et profitez de l’instant avec vos proches. Et si le doute vous prend, un conseil de sommelier ou de caviste pourra toujours vous guider vers la bouteille idéale. À votre santé – et bon appétit bien sûr !
Conclusion
En résumé, pour un accord réussi avec une choucroute garnie, privilégiez un vin blanc sec, vif, non boisé avec une belle acidité. Le riesling d’Alsace reste la référence, mais de nombreuses alternatives françaises ou étrangères peuvent enrichir votre expérience. L’important est de choisir un vin qui équilibre la richesse du plat, et qui vous procure du plaisir !
À votre santé, et bon dimanche gourmand !
